La folie de l'import de masques

Lorsque la pénurie de masques est arrivée, nous avons contacté tous les fournisseurs français. Tous ont répondu que leur production était réquisitionnée par l'État. 

Nous nous sommes donc tournés vers la Chine ! Et là, nous avons compris que 80% des produits importés étaient bloqués en douane. Pourquoi ? La France et l'Europe ont très rapidement établi des règles d'importation de masques afin de contrôler la qualité des produits arrivant sur notre territoire. Mais de son côté, la Chine, visiblement avec son propre agenda, a aussi établi des normes d'exportation rigoureuses, visant à ne pas ternir la qualité de son image.

Pour un importateur, réussir à trouver un fournisseur respectant les contraintes chinoises d'un côté et françaises de l'autre, est un exploit. Sur 132 fournisseurs contactés, 4 d'entre eux cochaient toutes les cases !

Autre surprise, les conditions de paiement en Chine. Une fois le fournisseur identifié, le seul moyen de réserver une quantité de masque est de verser 50% du prix de la commande. Une fois le virement reçu par le fournisseur, il faut attendre que la commande soit produite. Souvent quelques jours. Ensuite, la marchandise ne quitte l'entrepôt du fournisseur que si les 50% restants arrivent dans le compte du fournisseur.

Ensuite le transport, ou devrais-je dire le Far West ! Avant de décider de lancer notre propre production, nous avons souhaité importer des masques. Nous avions trouvé le fournisseur et souhaitions réserver une place dans un avion cargo. Au début de notre recherche le tarif était de 8USD/kilo, au bout de quelques jours, le prix du transport s'est élevé à 16USD/kilo, un doublement du tarif revenant à payer 15 centimes de transport par masque. Nous avons décidé d'accepté ces conditions.

Nous pensions être sortis d'affaire après avoir trouvé un vol, lorsqu'en milieu de la nuit vers 3:30 heure parisienne, le bureau chinois du transporteur nous informe: "soit vous ajoutez 2USD au kilo soit vous perdez votre place, on ne peut rien faire, la compagnie aérienne nous l'impose, il faut nous répondre dans les 2 heures."

C'est là que nous nous sommes dit que nous marchions sur la tete, et qu'il fallait reprendre un peu de pouvoir.