Masques chirurgicaux, masques tissus, masques FFP2 ?
Il a fallu attendre les nouveaux variants pour accepter l’évidence, les masques en tissus génèrent un risque de contamination plus élevé que les masques chirurgicaux jetables.
Et pourtant, en février / mars / avril 2020, le gouvernement a foncé tête baissée dans la brèche des masques en tissus. Il n’y avait plus de masques jetables, la pénurie faisait rage, mais il fallait absolument trouver une parade. Quoi de mieux que la relance d’une industrie textile française moribonde? Facile! On va transformer les bonnets de soutiens gorges en masques et le tour est joué. Ils ont les équipes, ils ont les matières. Mais attention, il fallait que cela soit sérieux. Il fallait que cela soit protecteur et que cette protection soit validée. Il ne fallait pas que le masque confectionné dans la cuisine de Mme Michu soit dangereux pour la santé. Et pour motiver et rassurer tout le monde, la DGA a été mise à très très forte contribution. Des processus de tests ont été définis, chaque producteur pouvait envoyer ses échantillons pour tester son masque, des logos avec des niveaux de filtration ont été créés, des sites internet permettant de vérifier les agréments DGA ont été montés.
La DGA n’était plus disponible pour tester les masques jetables, et suite à notre appel de mai 2020 pour tester nos masques jetables, nous n’avons pas encore eu de réponse....
Même si de mon point de vue cela semblait absurde depuis le début, c’était une absurdité que n’importe qui aurait acceptée et même soutenue. En effet, dans combien de situations arrivons-nous à combiner : élan national, logique économique, implication de la société civile, implication de l’armée, transformation rapide, apport de solution…
Pourquoi pensais-je que c’était absurde ? Déjà, quand on plonge dans la technicité d’un bon masque chirurgical, très filtrant, on se rend compte que la base de la technologie repose sur le filtre central. Le filtre utilisé dans les masques est appelé « non tissé ». Dans le monde entier, cette matière s’appelle « non-woven ». Pourquoi faut-il un tissu « non tissé » ? Car le filtre des masques jetables est fabriqué à partir de projections aléatoires de filaments de plastique sur un tapis. Cet effet aléatoire, est à l’opposé d’un tissu qui par essence est construit par un « maillage », un quadrillage, dont la construction même impose des petites trous, toujours de la même taille et formant une grille percée, si on regarde le tissu au microscope. Vous pouvez comparer cela avec l’image d’un gros pull en laine d’hiver tricotée par une grand-mère, on y voit les mailles et on peut y passer les doigts sans abîmer le pull. De ce point de départ, on comprend déjà pourquoi un masque en tissu ne peut pas aussi bien filtrer le virus qu’un masque fait à partir de tissu « non-tissé ».
Ensuite, si on supposait même que le maillage était très fin et qu’au lavage il ne s'abîmait pas, comment peut-on s’assurer que les personnes portant des masques en tissus allaient chaque jour laver consciencieusement leur masque avant de le reporter le lendemain? Avouez-le, nous avons tous vu autour de nous de nombreuses personnes avec des masques en tissu qui en disaient long sur leur état de propreté. Mais qui peut-on blâmer? Nous sommes tous pris dans l’engrenage de nos journées, travail, enfants, fatigue. S’appuyer sur la capacité de chacun de laver assidûment son masque en tissu est une hérésie.
Donc, conclusion, volte-face logique du gouvernement, portez des masques jetables!
Quid des masques FFP2?
On a entendu depuis le début de la crise des discours sur le masque FFP2 qui ne font aucun sens.
Ce que l’on entend le plus souvent et ce que beaucoup relaient est la chose suivante : « le masque chirurgical est fait pour protéger les autres, le FFP2 est fait pour protéger le porteur » Est-ce que cette allégation est juste ? Non.
Qu’est ce qu’un masque FFP2 ? Un masque FFP2 est un masque issu à l’origine d’une norme non médicale. Le FFP2 est une norme Industrielle, contrairement au masque chirurgical dont la norme est basée sur une nécessaire protection en milieu médical. Donc le masque FFP2 est à la base un masque de chantier notamment, utilisé pour éviter aux travailleurs d’inspirer des particules fines de poussières ou d’amiante par exemple. Le masque FFP2 utilise les mêmes matières que les masques chirurgicaux, c'est-à-dire le fameux tissu « non Woven ». Il est un peu plus épais car il utilise plus de couches de tissus.
Cependant, la vraie différence entre un FFP2 et un masque chirurgical ne réside pas dans la filtration de l’air qui passe par les filtres. Quand vous prenez un masque chirurgical type IIR comme ceux du Masque Français, avec une filtration des particules de plus de 4 microns de 99,96%, la filtration d’un FFP2 ne peut pas filtrer beaucoup plus l’air qui passe par le filtre. Pour preuve les tests de validation d’un FFP2 ne demandent pas aux laboratoires de valider la filtration de particules !
Non, la différence avec une FFP2 se situe à un autre endroit. La différence est dans la forme du FFP2. C’est un masque qui est à la base conçu pour limiter la quantité d’air ambiant absorbé. Avec un FFP2, vous allez absorber environ 8% d’air ambiant qui n’est pas passé par le filtre et qui a atteint vos poumons en passant par les côtés du masque, au niveau des joues. Avec un masque chirurgical, vous allez absorber environ 15% de l’air ambiant. A ce jour, la science n’a pas prouvé, dans aucun test, aucun article, que le virus circulait dans l’air ambiant. La posture de l’INSERM sur le sujet est la suivante :
Comment ce virus se transmet-il ?
Le SARS-CoV-2 se transmet depuis une personne infectée vers une personne non infectée par deux voies principales :
-
le contact direct avec la personne infectée ou une surface qu’elle a contaminée ;
-
la transmission aérienne (ou aéroportée) du virus via des gouttelettes ou un aérosol émis par la personne infectée.
Attention, ne pas confondre la transmission aérienne et air ambiant. La transmission aérienne correspond aux gouttelettes et aérosols projetés par une personne en face, et qui, comme des projectiles, retombent plus ou moins vite. L’air ambiant est l’air que l’on respire et qui nous entoure.
Donc par exemple, vous portez un FFP2 dans le train ou l’avion, et vous l’enlevez quelques secondes pour vous gratter le nez, ou pour boire de l’eau. Ça y est, l’effet « potentiel » du FFP2 est anéanti, vous avez inspiré un grand bol de 100% d’air ambiant.
Aujourd’hui, les soignants portent des FFP2, car la proximité avec les malades et la conscience d’un soignant de ne retirer son FFP2 sous aucun prétexte durant tout un shift de travail, permet le respect d’un principe de précaution qu’il faut absolument respecter.
Mais pour le grand public, il faudrait que 2 conditions soient respectées pour le rendre intéressant :
1/la preuve que le virus est dans l’air ambiant ;
2/le port, sans jamais l’enlever pendant toute la durée d’exposition, du masque FFP2.
De toute façon, si le virus était dans l’air ambiant, on nous dirait de le porter aussi en dormant… sur ce, bonne nuit !